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Investment & Finance

fifty partners lance son accélérateur Web3 : « Pas de volume, mais un accompagnement optimal »

52:18 13 min lecture
Richard Hamelin

Richard Hamelin

Investisseur Web3 @ 50Partners

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#Venture Capital #Accélérateur #Investment #Startups #Web3

Résumé

Rencontre avec les fondateurs de la vertical Web3 de fifty partners, qui ont choisi une approche contre-intuitive : accélérer moins de startups mais mieux, en s'appuyant sur l'expertise de 50 entrepreneurs tech à succès.

Points Clés

  • fifty partners limite volontairement à 5-8 startups par an pour un accompagnement optimal
  • Les fondateurs évoluent : moins de first-timers spéculatifs, plus de second-founders avec business plans
  • L'écosystème français est bien positionné grâce à MiCA et à la régulation claire
  • Le gaming Web3 attend son cas d'école pour exploser

De la Française des Jeux aux startups blockchain : rencontre avec les fondateurs de la vertical Web3 de fifty partners


Un accélérateur pas comme les autres

Dans l’écosystème foisonnant des accélérateurs et fonds d’investissement Web3, fifty partners fait figure d’exception. Créée il y a plus de dix ans par cinquante entrepreneurs tech français à succès, la structure vient de lancer sa vertical blockchain avec une promesse contre-intuitive : accompagner moins de startups, mais mieux.

« Le modèle, c’est pas de faire du volume », explique John, co-fondateur de la vertical Web3. « On sait très bien que notre force réside dans l’expertise de nos Partners. Ces entrepreneurs sont encore en activité et n’ont pas forcément beaucoup de temps à consacrer. Donc on sélectionne entre 5 et 8 projets maximum par an. »

Cette limitation volontaire permet un accompagnement d’une intensité rare : chaque startup accélérée bénéficie du réseau, de l’expérience et du temps de figures emblématiques de l’écosystème comme Adrien Hubert (Starchain), Clément (Ternois), Alexandre Cognard (Arianee) ou encore Aaron Bessenoud (Sorare).


De Golden Biz à la blockchain : les parcours croisés de John et Richard

L’histoire de fifty partners Web3 commence par deux rabbit holes distincts qui convergent fin 2022.

John, 40 ans, est un entrepreneur aguerri. Après avoir fondé Golden Biz, une technologie de publicité ciblée pour le recrutement, levé 1,5 million d’euros et revendu sa société au Groupe Figaro, il découvre la blockchain : « Je voyais le bout du tunnel de mon earn-out et j’ai commencé à m’intéresser au sujet. Quand tu as 40 ans, des enfants, et que tu regardes des tutos sur le fonctionnement de la blockchain à 3h du matin… c’est que tu es tombé dedans. »

Richard, de son côté, plonge par le gaming. Après un passage à la BPI, il rejoint la Française des Jeux où il passe un an et demi à structurer l’innovation Web3 : acculturation des dirigeants, sélection de partenaires tech, stratégie de corporate venture. « Moi, le rabbit hole, je suis tombé dedans au travers du gaming. C’est en m’impliquant sur des projets comme Axie Origin que j’ai vraiment mis les mains dans le cambouis. »

Leur rencontre avec Jérôme Azurel, CIO et co-fondateur de fifty partners ? « Un ou deux semaines après avoir parlé avec Jérôme, on a commencé à cogiter tous les deux », raconte John. En janvier 2023, l’accélérateur Web3 est officiellement lancé.


Une stratégie résolument agnostique

Contrairement à de nombreux fonds qui se spécialisent (DeFi, gaming, infrastructure), fifty partners a fait le choix de l’opportunisme stratégique.

« L’écosystème est encore hyper jeune », justifie Richard. « On trouvait qu’il n’y avait pas forcément de stratégie idéale de verticaliser. Notre thèse, c’est vraiment de trouver les personnes qui arrivent à utiliser ces technologies pour faire des choses qui vont au-delà de la simple spéculation. »

Ce qu’ils voient passer

Après six mois d’activité, les tendances se dessinent :

VerticalVolumeObservation
DeFi🔥🔥🔥Toujours très populaire, réplication de modèles TradFi décentralisés
Data on-chain📈📈Émergence forte : “une mine d’or à nos pieds”
NFT📉Déclin marqué, notamment sur les PFP et projets “divertissement”
GamingPotentiel énorme mais attente d’un cas d’école convaincant
Infra🔍Intérêt pour StarkNet, zero-knowledge

« Ce qui est amusant, c’est qu’on reçoit les projets par vagues », sourit John. « Pendant deux-trois semaines, on ne voit que de la DeFi. Puis tout d’un coup, c’est de l’analyse on-chain, puis du gaming. »


Exclusivité : les deux premiers projets accélérés

Pour la première fois publiquement, John et Richard dévoilent leurs deux premières pépites :

🌧️ Rainfile : Les NFT comme collatéral DeFi

Protocole de lending/borrowing utilisant les NFT en collatéral, Rainfile se distingue par son approche en pools de liquidité (versus le peer-to-peer classique).

Le twist ? Les fondateurs viennent de Magic Eden, la marketplace #1 sur Solana. Ils déploient actuellement leur solution en marque blanche sur différentes marketplaces et s’attaquent à l’écosystème EVM.

« On est super content qu’ils puissent aller développer aussi sur EVM », explique Richard. « La grande partie du marché des NFT se trouve sur les blockchains compatibles Ethereum, même si Solana a ses points forts. »

🔐 Projet #2 : Tokeniser l’equity sans SPV

Le second projet (dont le nom n’est pas encore dévoilé) propose un framework de tokenisation d’equity sans passer par une structure SPV (Special Purpose Vehicle).

L’impact ? Donner accès aux actions de sociétés non-cotées au grand public retail, en supprimant les frictions administratives et les frais habituels. Une démocratisation de l’investissement en private equity via la blockchain.


« Pour une fois, la France est bien positionnée »

Sur l’état de l’écosystème français et européen, John et Richard sont unanimes : c’est le bon moment et le bon endroit.

Les atouts européens

Régulation claire : « On se plaignait beaucoup au départ quand on a vu arriver MiCA. Aujourd’hui, on voit ce qui se passe aux US avec la SEC, et on est tous heureux d’être de ce côté de l’océan. »

Talent et créativité : « La France rayonne de par ses ingénieurs et ses capacités créatives. On est parmi les pionniers de l’écosystème mondial. »

Institutionnels qui s’installent : L’arrivée de Binance à Paris, Crypto.com, et autres acteurs majeurs qui posent leur siège européen en France.

Éducation : « Ce qui est cool, c’est qu’aujourd’hui on voit des écoles comme Dauphine qui commencent à traiter le sujet. Avant, il fallait se faire scam plusieurs fois pour apprendre ! »

L’évolution des fondateurs

« On a vu évoluer les types de fondateurs en six mois », observe Richard. « Au début, beaucoup de first-time founders avec des projets purement spéculatifs. Maintenant, on voit des personnes plus âgées, des seconds-time founders, des cursus plus traditionnels… et surtout, des business plans ! »

Un détail qui fait sourire ces entrepreneurs aguerris : « Tu vois des projets qui arrivent sans BP. Un BP pour une boîte early-stage, ça veut pas dire grand-chose, mais ça montre une structure sur sa vision. C’est les fondamentaux de l’entrepreneuriat. »


GameFi : le défi de convaincre les gamers

Si une verticale cristallise les espoirs et les frustrations, c’est bien le gaming. John et Richard, tous deux gamers, sont lucides.

Le problème

« Les gamers sont une des communautés les plus conservatrices », explique Richard. « Quand il y a trop de changements, quand la finance arrive, ils ont l’impression de se faire voler leur jeu. Regarde Ubisoft ou d’autres : la réaction a été violente. »

Le constat est sans appel : les jeux Web3 actuels ont un gameplay médiocre. « On a l’impression de revenir 10-20 ans en arrière sur la jouabilité. Les seules personnes qui utilisent ces jeux, c’est pas pour l’expérience du joueur, c’est pour du looting. »

La solution ?

« Il faut juste un cas d’école. Un vrai jeu, avec un vrai gameplay, qui prouve que les mécaniques token améliorent l’expérience au lieu de la dégrader », martèle John. « Une fois qu’on aura ça, ça va se répandre comme une traînée de poudre. Les communautés demanderont même qu’il y ait de la tokenisation dans les jeux. »

Des signes encourageants : Gods Unchained continue de builder, Ubisoft retente sa chance avec une nouvelle annonce, et les gros studios « mettent le coup de collier ».


Blockchain + IA : complémentaires, pas contradictoires

La question revient systématiquement : et l’intelligence artificielle dans tout ça ?

« On voit des boîtes qui se présentent en Web3, et trois semaines après elles renvoient leur deck avec “Web3 + IA” », sourit Richard. « Là, on sent que c’est du surf de besoins. »

Mais la position de fifty est nuancée : l’IA générative est bienvenue pour améliorer l’UX et faciliter l’adoption. Plus encore, John voit la blockchain comme un contre-pouvoir nécessaire :

« J’ai toujours vu la blockchain comme un garde-fou par rapport à l’identité et à la preuve d’humanité. Plus l’intelligence artificielle va se développer, plus la blockchain aura une importance grandissante. Pour moi, c’est complémentaire, voire systématique. »


Les conseils aux fondateurs : retour aux fondamentaux

Après des mois à scruter des dizaines de projets, John et Richard ont quelques recommandations claires.

Les indispensables

  1. Business Plan structuré – Même en Web3, même avec de l’incertitude
  2. Analyse de marché sérieuse – User research, concurrence, problème réel
  3. Justifier l’usage blockchain – « Pourquoi Web3 ? Qu’est-ce que ça apporte vraiment ? »
  4. User-first, pas tech-first – Partir de l’utilisateur, pas de la technologie
  5. Vision rentabilité – Pas forcément année 1, mais dans le plan

Les pièges à éviter

  • Faire « X du Web2 mais en Web3 » sans raison valable
  • Mettre « Blockchain + IA » partout juste pour lever
  • Négliger les fondamentaux entrepreneuriaux
  • Surfer sur les narratives à la mode (« il faut créer un token IA ! »)

« Une boîte Web3, ça reste une entreprise », insiste John. « Elle va recruter, elle aura des salariés ou des freelances, une DAO peut-être. Mais ça reste une société qui devra faire du profit. Il faut structurer son projet comme on structure n’importe quel projet entrepreneurial. »


2024 : lancement du fonds dédié

L’accélération, c’est une chose. Mais fifty partners voit plus grand.

« On va lancer normalement d’ici l’année prochaine un fonds dédié Web3 », annonce Richard. « Historiquement, chaque fois qu’on crée un accélérateur, on crée un fonds. La majorité de la poche sera consacrée aux boîtes accélérées, avec un peu de respiration pour des bets externes. »

La particularité ?

Investissement hybride equity + tokens. « On a travaillé avec l’AMF sur ces sujets. Aujourd’hui, Bpifrance a annoncé pouvoir investir en hybride. C’est génial, ça ouvre la voie à d’autres fonds. »

Pourquoi c’est important ? « Quand on prend les logiques de gouvernance des protocoles, c’est une bonne chose de pouvoir impliquer les fonds dans cette dynamique via les tokens. »

Les LP : intéressés malgré le bear market

« Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il y a encore beaucoup de gens intéressés par le Web3 », assure John. « C’est juste qu’il y a moins de FOMO sur des sujets qui ne le méritaient pas. On revient à des réalités de marché. »

Le positionnement de fifty ? « Un petit fonds, taille idéale pour permettre aux institutionnels de commencer à intégrer l’écosystème avec des investissements bien choisis, en bénéficiant de l’expertise et du track record de fifty. »


La vision long terme : « La blockchain sera omniprésente »

En conclusion, John partage sa conviction profonde :

« Ma frustration depuis que j’ai découvert l’écosystème, c’est que ces technologies peuvent tellement apporter aux communs des mortels dans nos vies au quotidien. C’est trop dommage qu’elles soient juste utilisées pour de la DeFi — même si j’ai trouvé ça exceptionnel.

Mais tout doucement, la blockchain s’intègre partout. On en parle moins parce que ça fait moins le buzz. Dans 4, 5, 10 ans, la blockchain sera comme le web : omniprésente. Tous les sujets qui demandent aujourd’hui de creuser des heures pour comprendre seront des évidences pour nos enfants. »

Une vision optimiste, portée par une conviction : la chance européenne.

« Les États-Unis ont peur des cryptomonnaies, c’est pour ça que la SEC est aussi brutale. Nous, on n’a pas cet enjeu avec l’euro. On va être au cœur de cette innovation. Et la France va être vraiment phare pour le développement de l’écosystème mondial. Sans être trop chauvin, c’est ma vision. »


📍 Pour aller plus loin

Contacter fifty partners Web3

  • LinkedIn : John & Richard
  • Localisation : Le Loft, Paris 1er arrondissement
  • Events réguliers (prochain : alternatives de financement Web3)

Portfolio actuel

  • Rainfile (DeFi / NFT lending)
  • Projet tokenisation equity (nom à venir)
  • Sélection en cours pour 2024

Objectif : 15 startups accompagnées sur 3 ans


À propos de The Arch

Communauté de 1 000+ passionnés et professionnels du Web3, The Arch propose une approche entrepreneuriale centrée sur l’humain et l’échange. Builder talks tous les lundis.


Article rédigé suite au live The Arch. Merci à John et Richard pour leur temps et leur transparence.

Défi

fifty partners doit identifier et accélérer les meilleures startups Web3 dans un écosystème jeune et volatil, tout en apportant une vraie valeur ajoutée.

Solution

Limitation volontaire à 5-8 projets/an avec accès au réseau de 50 entrepreneurs tech à succès, expertise métier, et lancement d'un fonds hybride equity+tokens.

Résultats

  • 2 premiers projets accélérés : Rainfile (NFT DeFi) et tokenisation equity
  • Lancement prévu d'un fonds dédié Web3 en 2024
  • Objectif : 15 startups accompagnées sur 3 ans

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